Biographie du peintre suisse Philippe Grosbéty

 


Philippe Grosbéty (1905-1988)

Né en 1905 aux Brenets, (canton de Neuchâtel) le peintre Philippe Grosbéty est l’aîné d’une famille de six enfants. Son père meurt alors qu’il est âgé de onze ans. Il devra apprendre, contre son gré, le métier d’horloger, son père étant fabricant d’horlogerie à Neuchâtel. Son apprentissage, il le fera au technicum de Bienne et du Locle. Ce métier, il le pratiquera au Locle, à Bienne, à Genève, ainsi qu’à Besançon. il voyagea beaucoup et vécut même dans les villes du Nord de la France, que sont Lille, Roubaix et Tourcoing. Mais un peintre, ne serait pas peintre, sans passer par la "Butte" à Montmartre.

 

Pour des raisons familiales, il devra revenir au Locle, et là, travaillera plusieurs années, dans une fabrique de mécanique. Lorsqu’il ne lime pas ou ne martèle pas, Grosbéty est tout, à ce qu’il appelle" sa barbouille." Il est attiré par la peinture et fréquentera quelque temps les Beaux Arts, à Neuchâtel... Quelque temps, car les cours qu’il y suit ont tôt fait de le lasser, il ne veut pas se laisser enfermer dans l’académisme et ne tarde donc pas, à être renvoyé.

 

C’est vers 1925-1930 qu’il commence à peintre. Sa peinture est son expression. De 1944 il y a des toiles expressionnistes, tout change, vers les années 60. Grosbéty hanté par la couleur, la forme amenée à leur pureté définitive. Art non figuratif, certes, mais dès l’abord, on est saisi par la qualité de la matière, de la peinture. Il fait à cette époque, une affiche pour les invalides, une synthèse qui résume, toutes les infirmités.

 

Vers la soixantaine, on l’amputera d’une jambe, et dès lors, il se consacrera à sa passion. Il lit beaucoup, dévore même, et laissera beaucoup d’écrits, sur l’art pictural. Parmi ses écrits, en voici quelques bribes :

 

" Débarassé de toute la dialectique qui l’entoure, l’art apparaît tel qu’il est, des formes et des couleurs, c’est tout. Il n’est pas émouvant par ce qu’il prétend traduire. Sa sensation réside dans ce qu’il montre, c’est à dire, dans son expression plastique."

 

Il côtoie et se lie avec des grands noms de la littérature et la peinture : Blaise Cendrars, l’écrivain Rochat-Cenise, le poète Arthur Nicolet, Le Corbusier, et le peintre André Evard.

 

De 1950 à 1970, des expositions, il en fera peu, car il ne vendait pas, mais on discutait ferme devant ses toiles, et à cette époque, on est allé même, jusqu’à se battre devant une vitrine où était présentée une de ses oeuvres.

 

Peu de peintres travaillèrent comme lui, dans une solitude presque totale, élaborant durant presque un demi-siècle une oeuvre extraordinairement surveillée, méditée, revue et corrigée. Esprit curieux de tout, Grosbéty est un phénomène de culture picturale et littéraire. C’est un pur autodidacte, et un aristocrate en son genre.

 

Philippe Grosbéty laisse le souvenir d’un personnage, dans le plein sens du terme, d’un caractère bien trempé. Mais sous son apparence d’ours mal léché, se cachait une grande sensibilité et un grand coeur. C’était un homme, hors du commun.

 

Emporté par un infarctus, il s’éteint le 25 juin 1988, dans son atelier au Locle. Il légua son corps à la médecine.