Le cirque et les clowns dessinés par Polper
Note : Certaines oeuvres reproduites sur cette page seront mises en vente par la galerie des Annonciades à St-Ursanne à l’occasion de l’exposition qui aura lieu du 19 novembre 2016 jusqu’au 29 janvier 2017.
On aime ou on n’aime pas les clowns.
Moi, je les adore et je les respecte. Sous leur couche de maquillage et leurs habits de lumière ou de clochards, avec leurs mimiques, leurs gestes volontairement saccadés, leur démarche comique, ne cherchent-ils pas à nous faire rire de nous-mêmes ? Riant sur le moment aux larmes, nous sommes loin de nous imaginer avec les yeux du clown de service. Il palabre, mime exagérément nos gestes, se veut maladroit, gai, pleurnichard, bref, en quelques minutes il passe par tous les stades émotionnels. Curieux, attentifs, bons enfants, nous applaudissons souvent la démonstration des travers humains...
Le roi avait son fou pour le distraire. Ses facéties, ses bons mots devaient le faire rire et amuser ses courtisans. Le clown, lui, appartient à tout le monde et il est devenu davantage un miroir dans lequel l’homme se retrouve. Ce sont des états d’âme, des situations rocambolesques qu’il recrée sous les lumières des projecteurs.
Je respecte le clown, car il nous rend humble. Dans son habit de clochard il veut tout tenter, tout apprendre malgré ses maladresses. Il se veut fragile et naïf. N’est-il pas l’image de l’homme à ses débuts cherchant à découvrir l’usage des objets, des choses, des instruments ? N’est-il pas touchant dans ses essais si souvent ratés et qui nous font rire ? En fait, c’est de nous que nous rions.
Il est subitement triste parce qu’il n’atteint pas son but et nous devenons sérieux et tristes avec lui. Grâce au clown, nous passons en quelques minutes par divers échelons dans nos sentiments. C’est une gamme à deux âmes que nous jouons avec le clown, étonnés nous-mêmes de se découvrir des sentiments passant rapidement à divers stades.
J’aime les portraits de clowns autour de moi (même si je rencontre de nombreux faux clowns dans la vie) car ils me regardent ironiquement. Ils me donnent parfois envie de leur tirer la langue au moment où je me prends trop au sérieux. Et puis, c’est une connivence entre nous, un clin d’oeil ou un sourire lorsque tout va bien. Il devient baromètre parfois : beau fixe, nuageux. C’est mieux qu’un copain, c’est un ami attentif si on sait le regarder. C’est par des témoins et des récits que j’ai pu apprendre à connaître et à apprécier Grock. Il est pour moi, le Clown, le plus grand, celui qu’on écrit avec une majuscule. Son portrait, au-dessus de la cheminée, a des yeux qui me suivent, son sourire me réchauffe comme l’âtre de la cheminée, c’est une présence indispensable.
Geneviève Aubry