Polper, artiste peintre, clown et graphiste suisse
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Mieux est de ris que de larmes écrire
Pour ce que rire est le propre de l’homme
F. Rabelais
Prof’ et clown… voici POLPER
Cet homme a tous les talents. Artiste peintre, sculpteur, pédagogue, fantaisiste, poète, clown, jongleur, acrobate, musicien. Il possède aussi ceux de la courtoisie et de l’hospitalité. Professeur d’art à La Chaux-de-Fonds - aujourd’hui retraité - Paul Perrenoud cultive depuis un bon demi-siècle un hobby qui, au cours des ans, a occupé toujours plus de place dans sa vie : faire le clown, non pas en simple amateur, mais en véritable professionnel. Ses rencontres avec d’illustres confrères, Grock, les Cavallini, les Fratellini, Dimitri, n’ont jamais cessé de l’électriser.
Avec Lyl, sa précieuse épouse et partenaire, Polper a mis au point des spectacles de qualité. Il excelle dans l’art d’apporter joie et gaieté où on le demande. Ce qui n’est pas mince : Polper et Lyl « ont la cote » ; ils sont engagés un peu partout en Helvétie.
Avoir des dons
Quarante années d’enseignement à l’Ecole d’art de La Chaux-de-Fonds, cinquante années de scène. Deux métiers portés avec le sourire par un seul homme. Avec aisance et élégance. Fier de cette carrière exceptionnelle il l’est, Polper, et il a bigrement raison de l’être.
Ce qui épate, c’est que ce Neuchâtelois des montagnes, né à La Chaux-de-Fonds en 1910, fils d’imprimeur, aurait fort bien pu suivre le chemin ouvert par son père. Mais il avait d’autres dons ; des dons qui s’exprimaient déjà à l’âge des culottes courtes, le dessin par exemple. A 10 ans, après une représentation du Cirque Knie, il se sentit porté par une de ces irrésistibles pulsions venues on ne sait d’où, et qui allait bouleverser l’ordre établi. Il décida qu’il serait fantaisiste, clown si possible, et il s’y mit sans délai, tout en dessinant, ce qui allait l’emmener plus tard vers la bijouterie, la création de bijoux.
Cet art le conduisit à Paris où il eut le bonheur de rencontrer Grock. Ce fut l’éblouissante révélation, et Polper eut bientôt l’honneur, en sa qualité de dessinateur accompli, de créer les affiches internationales du plus grand clown des temps modernes, né à Loveresse, et que le monde n’oubliera jamais : Adrien Wettach : Grock. Rien que ça !
Bientôt Polper a des élèves et parmi eux une jeune fille, Alice, qui deviendra sa femme, lui donnera deux filles et acceptera d’assumer avec bonheur le rôle difficile, souvent ingrat, de partenaire. Son tout premier spectacle, Polper l’a donné à 12 ans, après une représentation de Knie, dans la grange d’un oncle domicilié à Malleray. Prix d’entrée : 50 centimes. Personne ne fut déçu.
Plus tard, c’est avec son frère Gaston qu’il mit un numéro au point. Gaston était lui aussi un bon clown. Il était instituteur la semaine, clown blanc le week-end. L’association des deux frères, Polper et Tonty, dura 20 ans, jusqu’au jour où Gaston fut brutalement fauché par une attaque cérébrale. Pour Polper, tout commença donc très tôt. Gamin, il aimait dessiner les artistes du cirque, des clowns de préférence, ce qui lui permettait de faire durer les émotions que chaque représentation éveillait en lui. Ses talents de dessinateur allaient lui ouvrir d’autres portes, celles de l’Ecole des arts où il fut un professeur apprécié pendant quatre décennies.
Le naturel avant tout
Et, bien entendu, gardons-nous d’oublier la musique. Polper joue d’une douzaine d’instruments, ce qui apporte beaucoup à ses prestations d’Auguste pleines de poésie, de charme et d’humour. De son art il dit : « On peut être vulgaire et grotesque, c’est facile. On peut choisir le style tarte à la crème. Personnellement, je recherche le naturel. C’est plus compliqué, mais faire rire en finesse a toujours été mon but. Je m’efforce de donner une certaine substance à mes gags, ce qu’on peut appeler un fond... » Ainsi naît la renommée.
Ami des plus grands, de Grock et des autres, Polper dut, un soir remplacer au pied levé un des Cavallini malade. Personne, dans la salle, ne remarqua la substitution, et Roberto Cavallini décerna ce satisfecit à Polper. « Tu es vraiment un bon clown ; tu n’as rien d’un gâte-métier ! »
Ce fameux hobby, que vous apporte-t-il ?
Le bonheur, tout simplement ! Faire rire me rend heureux. Malgré le trac qui me pince de temps en temps les tripes avant d’entrer en scène. Mais le premier éclat de rire dissipe immédiatement tout malaise... Mon numéro terminé, j’ai l’impression très agréable d’avoir fait mon métier aussi bien que possible ; disons-le : d’avoir fait mon devoir.
Ce métier que Grock a si merveilleusement servi et élevé au niveau d’un art véritable. Un métier, enfin, que Polper et Lyl continuent d’honorer avec enthousiasme et dont ils parlent avec respect. Passion du music-hall, amour du travail bien fait, le professeur-clown Paul Perrenoud alias Polper est intarissable. On l’écoute avec plaisir. A tous ses talents, ajoutons celui de conteur.
Devant la fenêtre de la maison blanche qu’il habite dans les hauts de La Chaux-de-Fonds, il y a une petite statue en pied de Grock. Signée Polper. Une statue que notre ami contemple avec un indéfinissable sourire. Il y a trois siècles. Molière avait constaté en une formule devenue célèbre : « C’est une étrange entreprise que celle de faire rire les honnêtes gens. » Etrange, certes ; la vie de Paul Perrenoud en est une preuve bien vivante. Mais l’entreprise, si elle est étrange, est belle, et ce qui est mieux encore, bienfaisante, non ?
Journal des aînés, octobre 1984
Texte de Georges Gygax
Photos Yves Debraine (uniquement les photos en noir-blanc)
Biographie officielle de Paul Perrenoud, alias Polper